Séparatismes : pourquoi la France est concernée

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Par Gilles Sengès Modifié le 23 novembre 2012 à 5h40

Alors que la Catalogne vote dimanche pour renouveler son Parlement régional avec en ligne de mire un projet de référendum sur une prochaine séparation avec le reste de l’Espagne, la France ne peut rester indifférente à la montée des séparatismes à ses frontières tant du Nord que du Sud.

Les velléités d’indépendance des Catalans nourries par Convergence et Union (CyU), le parti actuellement au pouvoir à la Generalitat et qui se présente comme le grand favori du scrutin, concernent aussi pour certains le Roussillon voisin, rattaché à la France lors du traité des Pyrénées signé le 7 novembre 1659. « La Catalogne sans la Catalogne Nord n’est pas la Catalogne » affirment ainsi les dirigeants de Convergence démocratique de Catalogne, partie prenante de CyU qui s’est d’ailleurs implantée à Perpignan. D’où sont partis de nombreux cars de manifestants pour participer à la mobilisation millionnaire du 11 septembre dernier à Barcelone à l’occasion de la fête nationale de la Diada.

Une tentative de sécession de la Catalogne et la crise qui en découlerait avec Madrid ne manquerait pas aussi d’avoir un important impact économique des deux côtés des Pyrénées. Avec un produit intérieur brut de 200 milliards d’euros et 7,5 millions d’habitants, la région est non seulement le premier poumon de l’Espagne (elle contribue à 21% du PIB du pays) mais aussi de son proche voisinage avec le port de Barcelone, le plus grand de la Méditerranée.

La même tentation indépendantiste ne devrait pas tarder à se manifester au pays basque espagnol où les nationalistes du PNV sont revenus au pouvoir, le mois dernier, après quatre ans d’une parenthèse socialiste. Tandis que Bildu, la façade démocratique des terroristes de l’ETA, est devenue la deuxième force politique du pays, le Parlement d’Euskadi est désormais contrôlé aux deux tiers par des nationalistes et séparatistes. Qui lorsqu’ils évoquent Euskal Herria englobent aux côtés de la Biscaye, du Guipuzcoa et de l’Alava non seulement la Navarre voisine, aujourd’hui autonome, mais aussi les provinces françaises du Labourd, de la Soule et de la Basse Navarre. Ramenée un temps à ses seules frontières « espagnoles », lorsque les socialistes étaient aux manettes, la carte météo d’Euskal Irrati Telebista, la télévision régionale, a retrouvé récemment son ancien format. Tout un symbole !

Aussi la relance du débat, côté français, sur la création d’un département basque avec à la clé l’éclatement des Pyrénées Atlantique qui comprennent aussi le Béarn fait craindre à certains une surenchère nationaliste. Plutôt favorable à une telle modification des frontières administratives dans le cadre de l’acte 3 de la décentralisation, Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l’Etat, de la décentralisation et de la Fonction publique est attendue avec intérêt dans la région au début de l’année prochaine…

En ajoutant les tensions qui s’accentuent en Belgique entre Flamands et Wallons, au point que certains évoquent un rattachement de ces derniers à notre pays, la France n’en a pas fini de surveiller ce qui se passe à ses frontières.

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Ancien rédacteur en chef des Échos, Gilles Sengès a été correspondant en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Espagne.

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