Le streaming illégal : un danger pour nos enfants

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Par Stéphanie Duval Modifié le 9 juin 2017 à 14h48
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14%14 % des 9-16 ans ont été exposés accidentellement à des sites pornographiques.

Lors des grands rendez-vous sportifs, comme Roland-Garros par exemple, les sites de streaming et live-streaming illégaux connaissent des affluences records. Et en plus de proposer les matchs des Nadal, Djokovic et autres Federer en toute illégalité, ces sites affichent bon nombre de publicités à caractère pornographique… Une bien triste réalité, notamment au regard du jeune âge du public qui se rend sur ces sites.

Le streaming illégal, une activité de plus en plus répandue

De 2006 à 2015, la part d’audience de Roland-Garros est passée de 20 à 15 % en moyenne, pour descendre, cette année, à 10 % durant la première semaine de compétition. Une chute vertigineuse qui n’illustre pas une désaffection des Français pour le tennis, mais une fuite des téléspectateurs, toutes générations confondues, vers d’autres modes de diffusion : le streaming et live streaming illégal.

Et selon l’Association of Internet Security Professionals (AISP), un phénomène similaire s’est produit lors de la coupe du monde de football 2014 : durant la compétition, plus de 20 millions d’internautes se sont rendus sur des sites de streaming illégaux pour y visionner les matchs.

Même chose pendant l’euro 2016 : Youssel Al-Obaidly, président de beIN Sports, déclarait peu après la compétition avoir observé « la présence d’environ 100 sites qui proposaient illégalement les matchs en streaming », et l’un d’entre eux avait été « consulté par 330 000 visiteurs sur le seul match Allemagne-Italie du 2 juillet »…

Au-delà du manque à gagner pour les chaînes diffusant les matchs, c’est la question de la protection de l’enfance qui est soulevée par ces pratiques qui sont loin d’être marginales. Les sites de streaming illégaux sont facilement accessibles, et s’ils permettent de visionner des films, séries ou des évènements sportifs, ils sont également dangereux pour les plus jeunes : les pop-ups et autres fenêtres intempestives à caractère pornographique sont en effet monnaie courante sur ces sites.

Les plus jeunes en première ligne

Une étude publiée en novembre dernier par l’association Ennocence révèle que les plus jeunes sont confrontés à des images à caractère pornographique de plus en plus tôt : « un enfant a en moyenne 11 ans lorsqu’il est exposé pour la première fois à du contenu pornographique en ligne », déclare Gordon Choisel, président de l’association. Ce dernier affirme également que « 14 % des 9-16 ans ont été exposés accidentellement à des sites pornographiques. Ils sont 36 % des 15-16 ans ».

Aujourd’hui, il est possible d’accéder à Internet à partir d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un simple smartphone. Les parents ne sont donc plus en mesure de suivre les pérégrinations de leurs enfants sur le Web. Une étude Ifop, commandée par l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN), affirme ainsi qu’un adolescent de 15 ans sur deux a déjà visionné un contenu pornographique et que plus de la moitié des ados qui ont déjà été confrontés à ce type d’image « considèrent eux-mêmes que cette première expérience était prématurée ».

L’observatoire souligne également que « ce type d’images peut heurter l’enfant quand il ne s’y attend pas (…) Et si les enfants ont honte ou peur et n’osent pas en parler à des adultes de confiance, cela peut déclencher des troubles apparents (difficulté d’endormissement, cauchemars, pleurs, irritabilité, colère, etc.) ». Les résultats des travaux de l’association Ennocence vont dans le même sens et révèlent que 74 % des enfants ayant été exposés accidentellement à des images pornographiques en ligne ont mal vécu cette expérience.

Pour protéger nos enfants sur le Web, la sensibilisation des parents est une première étape, afin que ces derniers durcissent les règles de filtrage de leurs ordinateurs et tablettes, en utilisant notamment les logiciels de contrôle parental. Mais cette solution a ses limites : Ennocence rappelle en effet que des milliers de sites sont créés chaque jour, et que « les logiciels de filtrage ne pourront jamais être à jour en temps réel ». Ainsi, il semblerait que seuls nos décideurs politiques aient le pouvoir de rendre Internet plus sur pour nos enfants, mais pour le moment, aucun d’entre eux ne s’est véritablement penché sur la question…

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Stéphanie Duval s'intéresse de très près à la protection des enfants sur le Web. Cette mère de deux enfants sensibilise au quotidien les parents qu'elle rencontre sur les dangers d'Internet et milite pour qu'une véritable protection soit mise en place sur la Toile.

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