La suppression de la redevance, une fausse piste pour booster le pouvoir d’achat

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 17 mai 2022 à 11h56
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La suppression prochaine de la redevance audiovisuelle, que l’exécutif présente comme une mesure en faveur du pouvoir d’achat, n’en est pas vraiment une, pointe le cabinet d’études économiques Astères dans une note sur le sujet.

Suppression de la redevance audiovisuelle : le gain de pouvoir d’achat sera limité

Annoncée le 11 mai 2022, la suppression prochaine de la redevance audiovisuelle était présentée comme une mesure en faveur du pouvoir d’achat. Le compte-rendu publié à l’issue du Conseil des ministres ne laisse pas de doutes : cette mesure y est évoquée sous le sous-titre « La protection du pouvoir d’achat des Français », dans le même paragraphe que le « chèque alimentaire ». « La suppression de cet impôt rendra du pouvoir d’achat à hauteur de 138 euros par an (chiffrage pour la France métropolitaine) à près de 23 millions de foyers redevables », peut-on y lire.

Si cette affirmation n’est pas contestable, il faut bien avoir en tête que, de toute façon, ce ne sont pas les plus modestes qui paient la redevance. D’après une étude du cabinet Astères, compte tenu des multiples cas d’exonération, la mise en place de cette mesure n’offrira qu’un gain de pouvoir d’achat limité aux ménages les plus modestes : 64 euros par an seulement pour les personnes dont le revenu est compris entre le 1er et le 2e décile et 97 euros pour les personnes se situant entre le 2e et le 3e décile.

Suppression de la redevance audiovisuelle : redistribuer le gain aux ménages modestes aurait eu plus de sens

En effet, ne sont pas redevables de la redevance audiovisuelle les personnes non imposables. Quand on considère que 56% des ménages ne sont pas imposables, cela fait beaucoup. En outre, sont exonérés de la redevance audiovisuelle les personnes ne possédant pas de télévision, les personnes non imposables, les personnes handicapées, invalides ou assumant la charge d’une personne invalide, les personnes de plus de 60 ans, les bénéficiaires du minimum vieillesse, les personnes âgées résidant en établissement et les veufs/veuves.

Selon les économistes d’Astères, si le but de l’exécutif était vraiment de booster le pouvoir d’achat des plus modestes, il aurait été plus judicieux de distribuer l’ensemble du produit de la redevance (3,2 milliards d’euros) uniformément à l’ensemble des 30% des Français les plus modestes. Dans ce cas, chacun de ces ménages aurait bénéficié d’un gain de pouvoir d’achat de 355 euros par an.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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