La sureté nucléaire face aux risques d’attentats

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Par Sylvain Gosselin Modifié le 5 décembre 2017 à 10h25
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720 MILLIONS €EDF a prévu un investissement de 720 millions d'euros pour améliorer la sécurité des centrales nucléaires.

Alors que les attaques terroristes sur le sol français et européen se sont multipliées ces dernières années, il est légitime de s’interroger sur la sécurité aux abords des sites industriels potentiellement sensibles de notre territoire. Les centrales nucléaires en font partie bien sûr, et bénéficient pour cela de dispositifs de sécurité et de sûreté éprouvés dans le cadre de procédures de surveillance destinées à anticiper et gérer d’éventuelles agressions extérieures. Explications

Un plan « sûreté-protection » en cas d’agressions externes

Mardi 28 novembre 2017 vers 6h20, plusieurs militants de Greenpeace se sont introduits sur le site de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, en Ardèche, afin de dénoncer « les failles de sécurité des piscines d'entreposage du combustible usé » conçues selon eux, comme « des bâtiments classiques avec une faible résistance ». Une nouvelle opération coup de poing très vite interceptée par l’équipe de sécurité sur place, et qui n’a eu, selon un communiqué du groupe EDF et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), aucun impact sur la sûreté de l’installation. « L'intrusion a immédiatement été détectée par les équipes de sécurité du site et le peloton spécialisé de protection de la gendarmerie les a interceptés et mis sous contrôle », a souligné le groupe EDF, affirmant que « les intrus étaient restés en dehors de la zone nucléaire ».

Si on peut déplorer de telles actions (dont l’association Greenpeace semble coutumière) à la fois illégales et contreproductives, elles ont au moins le mérite de mettre en avant la réactivité et l’efficacité des procédures d’urgence applicables en cas de dangers imminents aux abords des centrales nucléaires françaises. Quelques minutes seulement après l’intrusion des militants de Greenpeace, l’ASN avait déjà activé son centre d’urgence situé à Montrouge dans les Hauts-de-Seine, à la suite du déclenchement par EDF du « plan sûreté-protection ». L’Autorité suivait ainsi la situation en temps réel en lien direct avec la préfecture de l'Ardèche, EDF, l'IRSN (l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), et le Haut Fonctionnaire de Défense et de Sécurité (HFDS) du ministère de l’environnement, principale autorité compétente pour les questions de malveillance.

Une surveillance de tous les instants

Cette procédure d’urgence, mise en place en cas d’agressions externes d’origine naturelle, accidentelle ou malveillante (séismes, inondations, chutes d’avions), vient compléter un dispositif permanent de contrôle et de surveillance des sites très stricte A titre d’exemple, l'Autorité de sûreté nucléaire a effectué en 2016, 423 inspections sur sites, de façon programmée ou inopinée.

La menace terroriste est prise très au sérieux au sein de la filière nucléaire française et toutes les dispositions sont prévues pour faire face à de tels événements. Des mesures préventives contre les actes de malveillance ou de sabotage sont prévues et chaque site de production est soumis à un protocole d’accès extrêmement rigoureux. Chaque salarié ou prestataire censé travailler ou intervenir sur place fait l’objet d’une enquête approfondie sur ses antécédents et ne peut espérer accéder aux zones sécurisées sans montrer patte blanche (plus 100.000 enquêtes administratives sont réalisées chaque année auprès des 73.000 salariés et prestataires travaillant dans les 19 centrales nucléaires françaises).

Outre ces contrôles préalables, les sites en eux-mêmes sont continuellement sous haute surveillance. Une inspection quotidienne de l’espace aérien est réalisée à proximité des sites sensibles et le Peloton Spécialisé de Protection de la Gendarmerie (PSPG) se tient prêt à intervenir à chaque instant. Cette unité spéciale, mise en place en 2009 à proximité immédiate de chaque site, permet de garantir une capacité d’intervention dans toutes les centrales nucléaires en cas de menace. Ces gendarmes assurent en effet une présence permanente et interviennent pour contrecarrer une éventuelle attaque ou limiter, en lien avec les pouvoirs publics, les conséquences d’un accident quel qu’il soit.

Une résistance optimale des installations

Ce dispositif de surveillance devrait par ailleurs être renforcé encore davantage dans les années à venir dans le cadre des investissements du Grand carénage (programme lancé par EDF pour poursuivre progressivement la durée de fonctionnement de ses centrales nucléaires après 40 ans). Le Groupe EDF investira 720 millions d’euros, sur la période 2015-2023, pour améliorer la sécurité de ses centrales à travers notamment l’installation de nouveaux matériels de haute sécurité et la formation en continu du personnel.

La résistance de ces installations face aux risques d’attaques extérieures a été pensée dès leur conception, et est réévaluée en permanence de manière à résister à de nombreux scénarios d'accidents possibles, y compris les actes de malveillance ou de terrorisme. EDF rappelle à ce sujet que si la menace évolue au fil des ans, tous les bâtiments composant la centrale, ont été conçus pour supporter le pire, y compris le bâtiment combustible mis en cause par Greenpeace. Ces bâtiments, qui abritent les piscines de stockage et d’entreposage du combustible, présentent de par leur dimension et leur robustesse toutes les conditions de sûreté nécessaires.

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Titulaire d'un BTS et d'une licence professionnelle en génie climatique, Sylvain Gosselin a travaillé chez Management RH jusqu’en 2015. Un temps responsable d'un bureau d'étude en Aquitaine où l'essentiel de son travail consistait en la rédaction de dossiers techniques et d'appel d'offres, Sylvain Gosselin a opéré un virage à 180° en se lançant dans une carrière de conseil et audit opérationnel dans le secteur du nucléaire.

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