Le vrai monde est toujours là

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Par Aubry Pierens Modifié le 7 août 2016 à 22h55
Un Regard Peut Tout Changer Extrait 4 Pierens
@pixabay - © Economie Matin

Soudain, il apparut, immense, menaçant, terrifiant, tout de noir et de rouge vêtu. Sa taille hors du commun émergea de la poussière de cette casbah du Moyen-Orient où Indiana Jones essayait depuis plus de dix minutes d’échapper aux griffes de ses poursuivants. Pourvu d’une impressionnante musculature, campé sur ses jambes écartées pour mieux exprimer sa solidité, ce Goliath de légende barrait la route et allait sans aucun doute marquer la fin de l’échappée de notre héros. Moulinant autour de lui et avec une rare virtuosité deux cimeterres aiguisés, le géant ne laissait visiblement aucun espoir à Indiana de s’en sortir entier.

Revenir sur ses pas était objectivement impossible ; le reste de ses ennemis l’en empêchait, ricanant à l’avance du sort que le grand hachoir enturbanné allait réserver à leur proie. La course haletante s’arrêterait donc là ? Blottis et tremblants au fond de nos fauteuils du cinéma, nous y consentions déjà. Nos prévisions étaient des plus pessimistes. Nos imaginations dessinaient les contours des pires scenarii. Mais c’était sans compter sur le flegmatique bon sens de notre homme au chapeau qui, dégainant l’ultime revolver qui restait à sa ceinture, logea une balle en plein front de son terrible agresseur. L’homme s’effondra de toute sa hauteur, laissant ses comparses sidérés.

Haussant les épaules devant tant d’inanité, Indiana ne s’attarda pas et continua sa course. Nos rires fusèrent aussitôt au constat si drôle de notre illusion. Le réalisme venait de dissiper l’impression, le bon sens d’annihiler la gesticulation, l’acier de la balle de perforer l’image d’une menace. Une vérité toute simple venait de se rappeler à nous : un petit revolver chargé et adroitement utilisé est plus dangereux à distance que toutes les lames virevoltantes d’un énorme janissaire épéiste. Nous l’avions oublié un instant, tout comme le revolver à la ceinture d’Indiana.

Dans d’autres registres pas si éloignés que cela finalement, nous avons une furieuse tendance à occulter la vérité des faits. La révolution industrielle a introduit un changement radical dans notre façon de voir le monde et surtout de travailler. Le temps comme l’argent sont devenues une matière première comme les autres, façonnable et transformable à loisir. La nuit, le dimanche comme la saison des fraises, peuvent être effacés. L’outil a commencé à façonner le geste et donc la façon de le penser et de le piloter alors que pendant des années, c’était l’inverse qui se passait (l’outil prolongeait la main et décuplait l’impact du geste initié et piloté par le cerveau).

Ainsi quand l’ordinateur (qui n’est finalement qu’un calculateur, un accélérateur de traitement d’un certain nombre d’informations) est arrivé dans nos vies, notre manière de nous informer, de nous former, de penser, de décider puis d’agir a changé en profondeur.

Extrait du chapitre 4 d’ «Un Regard Peut Tout Changer ». Les conseils impertinents d’un consultant (Editions Salvator)

La suite est à lire dans « Un Regard Peut Tout Changer », en vente dans votre librairie préférée ou sur les principaux sites de vente en ligne.

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Après 23 années de conseil en publicité et en management de l'innovation, Aubry Pierens a fondé en 2003 un cabinet conseil en stratégie et management qui intervient auprès des équipes de direction de nombreuses entreprises françaises et internationales. Aubry Pierens a donné de nombreux cours et conférences dans différentes écoles de l'enseignement supérieur. Il intervient toujours au sein de l’EDHEC Management Institute et publie des contributions et interviews diffusées dans les médias news et économiques. Il a participé aux travaux de plusieurs think tanks et forums de réflexion dont The Economist CEO Summit et l’Aspen Institute (USA)... Aubry Pierens est licencié en droit et diplômé de Sciences- Po Paris.

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