Le préfet du Var autorise Perrier à exploiter ses deux forages et à conserver l’appellation eau minérale naturelle, malgré les controverses sanitaires et environnementales autour de la célèbre marque d’eau. Ce feu vert intervient dans un climat de défiance renforcée, alors que les conditions d’exploitation et la pureté des sources font l’objet d’exigences inédites de la part des autorités locales et sanitaires.
Perrier : feu vert pour exploiter deux forages et garder l’appellation minérale

Le préfet du Var confirme l’exploitation de deux forages et le maintien de l’appellation eau minérale naturelle
Le préfet du Var a rendu un arrêté autorisant la société exploitante à poursuivre l’exploitation de deux forages destinés à la production de l’eau Perrier, tout en validant le maintien de l’appellation eau minérale naturelle pour cette eau commercialisée mondialement. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un long processus d’instruction des demandes d’autorisation, marqué par des examens sanitaires et environnementaux approfondis. Selon un communiqué transmis par l’administration locale, des contrôles de qualité renforcés seront imposés sur une période définie pour garantir que l’exploitation respecte à la fois la réglementation française et européenne sur les eaux minérales.
Selon un porte‑parole de l’exploitant, la décision des services préfectoraux constitue « une reconnaissance du travail accompli par les équipes ces dernières années pour moderniser le site, adapter l’exploitation aux enjeux environnementaux et répondre aux attentes des consommateurs ».
Contexte sanitaire et environnemental : une décision sous conditions
L’autorisation d’exploitation n’est pas un blanc‑seing sans contraintes. La préfecture a assorti sa décision de plusieurs exigences précises. Parmi elles : la réalisation d’une étude complémentaire sur l’impact du nouveau processus de filtration sur le microbiome de l’eau dans les 12 prochains mois. Cette obligation vise à mieux comprendre les effets des techniques de microfiltration mises en œuvre sur la qualité microbiologique de l’eau Perrier.
En outre, des contrôles de sécurité sanitaire renforcés seront mis en place sur les deux prochaines années. Ils permettront de suivre régulièrement la qualité de l’eau distribuée, avec des points de contrôle supplémentaires au‑delà des normes habituelles. La décision inclut également un examen à l’issue de cette période de surveillance pour décider de la poursuite éventuelle de l’exploitation avec l’appellation d’eau minérale naturelle.
Une réponse aux controverses liées à la qualité de l’eau et aux techniques de traitement
La décision du préfet arrive alors que Perrier est au centre d’un débat national sur l’usage de procédés de traitement de l’eau censés préserver sa qualité. Des médias ont révélé que certaines pratiques antérieures avaient suscité des interrogations quant à leur conformité avec les définitions légales de l’eau minérale naturelle.
Les autorités ont en particulier examiné l’usage de techniques de microfiltration, dont l’exploitant affirme ne pas altérer la composition minérale de l’eau mais qui ont été critiquées par des concurrents et des associations de consommateurs. Des épisodes récents de contamination bactérienne observés sur certains forages ont également soulevé des questions sur la vulnérabilité des sources aux influences extérieures, notamment en période de pluie ou de changement climatique.
Un récent rapport de l’Agence régionale de santé (ARS) soulignait des dépassements de valeurs réglementaires pour certains paramètres bactériologiques sur des prélèvements réalisés avant la régulation des forages. Il mettait aussi en évidence la présence de traces de micropolluants (telles que des PFAS et des chlorates) dans certains points d’analyse, confirmant une vulnérabilité accrue des nappes.
Enjeux économiques et défis pour l’exploitation future
La décision du préfet a des répercussions économiques évidentes pour l’exploitant et pour la filière des eaux minérales naturelles en France. L’eau Perrier représente un actif stratégique non seulement pour l’entreprise mais aussi pour l’économie locale, avec des volumes de production qui s’intègrent dans une activité industrielle qui mobilise des emplois et des circuits d’approvisionnement locaux.
Toutefois, l’environnement de production reste fragile. La réduction du nombre de forages actuels à deux points d’exploitation, avec abandon de trois autres jugés trop vulnérables sans traitements interdits, contraint la capacité de production à long terme. Cette configuration pose des défis en termes de résilience face aux variations climatiques et aux risques de contamination.
La situation illustre une tendance plus large dans le secteur des eaux minérales naturelles en France, où les exploitants doivent concilier exigences strictes de qualité sanitaire, impératifs environnementaux et compétitivité économique sur les marchés internationaux.