À la rentrée 2025, les écoles hors-contrat connaissent une croissance soutenue. Entre essor des pédagogies alternatives, diversification géographique et vigilance accrue après Bétharram, le panorama éducatif français se transforme. Les familles, de plus en plus nombreuses à se tourner vers ce choix, ont ainsi accès à une offre de plus en plus variée.
Pour la rentrée, les écoles hors-contrat ont le vent en poupe

Pour la rentrée 2025, le secteur des écoles hors-contrat a de nouveau franchi un cap. Avec 115 nouvelles ouvertures recensées, ces établissements continuent de s’imposer dans le paysage éducatif français. Portés par la demande des parents en quête d’innovations pédagogiques et d’un accompagnement adapté aux besoins spécifiques des enfants, ces établissements hors-contrat comptent aujourd’hui plus de 2 600 écoles et environ 130 000 élèves, selon les données de la Fondation pour l’école et de l’association Créer son école.
Un dynamisme marqué malgré les fermetures
Cette rentrée se distingue d’abord par le nombre d’ouvertures, stable par rapport à 2024 (116 établissements). « Une belle croissance nette », a souligné Anne Coffinier, présidente de Créer son école, pour Aleteia. Dans le détail, 31 % des nouvelles structures sont des maternelles, 30 % des primaires, 29 % des collèges et 10 % des lycées.
Si les ouvertures dominent, les fermetures existent mais tendent à diminuer : 70 entre 2023 et 2024, puis 44 seulement entre 2024 et 2025. Ces arrêts concernent parfois des niveaux de classes plutôt que des établissements entiers. Ce reflux marque un retour progressif à la normale après la crise sanitaire, selon l’analyse de Créer son école.
Pédagogies plurielles et essor du Montessori
Les écoles hors-contrat s’illustrent par la variété de leurs approches pédagogiques. En 2025, 58 % des nouvelles ouvertures adoptent une pédagogie alternative : Montessori, Steiner, bilinguisme ou école en forêt. Parmi elles, les écoles Montessori représentent à elles seules 16 % des créations.
La pédagogie classique n’est pas en reste, puisqu’elle concerne 41 % des nouvelles implantations. Cette répartition reflète un équilibre croissant entre modèles éducatifs traditionnels et propositions innovantes. Les familles recherchent des environnements capables de répondre aux profils spécifiques des enfants, notamment les élèves « dys », souvent insuffisamment accompagnés dans le public, a expliqué Anne Coffinier.
Un secteur diversifié, entre laïcité et confessionnalités
Contrairement à une idée reçue persistante, le hors-contrat n’est pas exclusivement religieux. En 2025, 69 % des écoles ouvertes sont laïques, contre 19 % catholiques, 6 % protestantes, 4 % juives et 1 % musulmanes. Cette pluralité illustre la volonté des fondateurs d’écoles de proposer des cadres éducatifs adaptés à des valeurs variées, tout en répondant à une demande sociétale élargie.
Sur le plan géographique, le mouvement se diffuse largement : 61 % des créations sont situées en zones urbaines de plus de 20 000 habitants, 26 % en communes rurales, et 13 % dans des villes moyennes. Cette implantation démontre une double dynamique : la recherche de proximité dans les métropoles et la revitalisation scolaire dans certaines zones rurales. Les écoles hors-contrat sont parfois la dernière solution des maires pour disposer d'une école dans leur petite commune.
Défis économiques et exigences accrues
Si la progression est nette, les écoles hors-contrat se heurtent à des contraintes financières importantes. Les frais de scolarité oscillent en moyenne entre 2 000 et 16 000 euros par an, selon la Fédération nationale de l’enseignement privé. Ce coût élevé limite l’accessibilité sociale, renforçant les critiques d’élitisme. En effet, alors que les établissements publics et privés perçoivent des subventions qui leur permettent de réduire les frais de scolarité, les écoles hors-contrat, elles, ne touchent rien. Si le hors-contrat leur permet de bénéficier d'une liberté éducative plus importante, quoi que pas absolue, le système leur impose aussi une indépendance financière totale.
Les familles doivent donc assumer les frais des locaux, du matériel de classe et des salaires des enseignants. Un ensemble qui finit par être cher, et décourage de nombreux parents pourtant intéressés par la pédagogie proposée par l'école. C'est la raison pour laquelle de nombreux établissements souhaiteraient passer sous contrat avec l’État afin d’assurer une pérennité financière. Mais selon Anne Coffinier, les demandes « aboutissent rarement, faute de moyens budgétaires ».
