Les dirigeants de TPE continuent de placer la trésorerie au sommet de leurs préoccupations, mais ils pensent également innovation, anticipation et numérisation, apprend-on de l’édition 2025 de l’Observatoire des TPE réalisé par Ipsos BVA pour American Express.
Petites entreprises : les dirigeants misent sur des transformations stratégiques

Trésorerie : un enjeu vital, mais plus seul au sommet
Si l’amélioration de la trésorerie reste la priorité pour 34% des dirigeants de très petites entreprises (TPE) interrogés, l’Observatoire des TPE réalisé par Ipsos BVA pour American Express met aussi en lumière une évolution notable de leurs ambitions : innover davantage, anticiper les mutations de leur secteur et diversifier leurs activités. À la lumière de ce sondage, les très petites entreprises, souvent considérées comme le cœur battant du tissu économique français, semblent entrer dans une nouvelle phase de transformation.
Depuis six ans, l’Observatoire des TPE analyse les tendances au sein des entreprises de moins de dix salariés. En 2025, l’amélioration de la trésorerie reste, pour plus d’un tiers des dirigeants (34%), leur objectif numéro un. Un chiffre stable qui témoigne de la fragilité structurelle de la trésorerie des petites structures, soumises à des cycles de paiement souvent tendus. Mais l’étude révèle aussi une montée en puissance d’autres priorités. Ainsi, 15% des répondants affirment vouloir mieux anticiper les évolutions de leur secteur, soit 5 points de plus qu’en 2024, tandis que 13% misent sur l’innovation dans leurs produits et services, également en hausse de 5 points. Ce glissement marque un tournant : les dirigeants de TPE ne se contentent plus de gérer le présent, ils se projettent.
« Les résultats de notre Observatoire confirment que l’amélioration de la trésorerie reste la principale priorité des dirigeants de TPE. Mais de nouvelles ambitions émergent, marquant une volonté de se projeter dans l’avenir, d’innover et de se digitaliser », analyse Sylvia Desloubières, directrice commerciale en charge des petites et moyennes entreprises chez American Express France. Cette dynamique se traduit également par une ouverture accrue à l’investissement et à la transformation numérique, signe que les TPE cherchent désormais à allier prudence et modernité.
Des TPE plus stratégiques et ouvertes à l’innovation
Selon le sondage, 28% des dirigeants de TPE prévoient de mettre en œuvre des actions stratégiques d’ici fin 2025. Parmi eux, 22% envisagent de diversifier leur activité, 17% de développer des partenariats externes, et 15% d’investir dans des technologies innovantes telles que l’intelligence artificielle ou la digitalisation des processus.
Cette volonté de transformation est particulièrement marquée chez les dirigeants dont la trésorerie s’est améliorée récemment : près de 44% d’entre eux projettent de nouveaux investissements ou une diversification, contre 32% en moyenne, et 36% envisagent des partenariats (contre 25%). Autrement dit, la santé financière conditionne directement la capacité d’innovation.
L’étude montre aussi que les achats évoluent. Les fournitures administratives sont citées par 25% des dirigeants (+13 points), les équipements informatiques par 23% (+10 points), et les dépenses en publicité et communication atteignent 21% (+11 points). Ces chiffres témoignent d’un renforcement de la professionnalisation et de la communication des TPE, longtemps restées en retrait sur ces aspects. Cette tendance se retrouve dans les entreprises qui planifient des actions stratégiques : pour elles, le matériel informatique (31%) et les fournitures administratives (33%) figurent parmi les postes d’investissement majeurs. La transition numérique ne concerne donc plus seulement les grandes entreprises : elle s’invite désormais dans les très petites structures, qui cherchent à gagner en efficacité et en visibilité.
Des modes de financement plus agiles et diversifiés
Si la trésorerie demeure un indicateur de survie, son utilisation directe comme source de financement décline fortement. En 2025, seuls 58% des dirigeants de TPE puisent directement dans leur trésorerie pour régler leurs dépenses, contre 74% en 2024 et 87% en 2023. Ce recul significatif traduit un recours croissant à des solutions de financement alternatives, plus souples et plus adaptées aux besoins immédiats. Ainsi, 16% des dirigeants privilégient le paiement fractionné, en hausse de trois points, tandis que 8% utilisent le paiement différé par carte, en progression de cinq points. Ces outils permettent de lisser les dépenses sans impacter la trésorerie à court terme.
« Nous observons une augmentation des paiements par carte à débit différé auprès des dirigeants de TPE. Cela leur apporte de la flexibilité, tout en préservant leur trésorerie », précise Sylvia Desloubières. La marque met notamment en avant ses cartes professionnelles intégrant un différé de paiement pouvant aller jusqu’à trente jours, une solution qui séduit de plus en plus de très petites entreprises. Les paiements à débit différé progressent d’ailleurs dans plusieurs catégories de dépenses : 12% des dirigeants les utilisent pour le matériel informatique, 9% pour les fournitures administratives, 9% pour le loyer et les charges, et 7% pour les déplacements professionnels. Ces pratiques, autrefois marginales, deviennent désormais un levier de gestion financière à part entière.
Des patrons de TPE qui veulent reprendre la main sur l'avenir de leur boîte
Au-delà des chiffres, cette nouvelle édition de l’Observatoire des TPE dessine le portrait d’entreprises conscientes des défis à venir. Dans un contexte de coûts élevés et d’incertitudes économiques, elles cherchent à mieux anticiper les mutations sectorielles, tout en préservant leur autonomie.
Si la trésorerie reste la pierre angulaire de leur stabilité, la diversification, l’innovation et la numérisation apparaissent comme les piliers d’une nouvelle ère. Les TPE françaises, longtemps perçues comme vulnérables, semblent aujourd’hui assumer une ambition renouvelée : consolider leur base financière tout en investissant dans l’avenir.
