Le 2 juillet 2025, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement lancé « 3 by 35 », une initiative qui pourrait bouleverser les habitudes d’achat des consommateurs. Objectif affiché : faire grimper le prix du tabac, de l’alcool et des boissons sucrées de 50% d’ici à 2035. Une proposition choc, à l’heure où le pouvoir d’achat reste sous tension.
Tabac, alcool, sodas : les hausses de prix qui vous attendent d’ici 2035

Hausse des prix des produits nocifs : l'OMS fait le pari de la santé
Sur le papier, le raisonnement est limpide : plus le prix augmente, plus la consommation baisse. C’est du moins la stratégie que défend l’OMS avec son plan « 3 by 35 ». À travers une série de hausses fiscales ciblées, l’organisation espère décourager les achats impulsifs ou récurrents de produits nocifs.
Selon les chiffres publiés le 2 juillet 2025 par l’OMS, une telle politique permettrait d’éviter 50 millions de décès liés aux maladies non transmissibles – cancers, diabète, maladies cardiovasculaires. Et de générer 1.000 milliards de dollars sur dix ans pour renforcer les systèmes de santé. « Les taxes sur la santé sont l'un des outils les plus efficaces dont nous disposons », a rappelé le Dr Jeremy Farrar, scientifique en chef de l’OMS. « Ils réduisent la consommation de produits nocifs et génèrent des revenus que les gouvernements peuvent réinvestir dans les soins de santé, l'éducation et la protection sociale. Il est temps d'agir. »
Des hausses à venir dans les rayons
Concrètement, à quoi peut-on s’attendre ? Le paquet de cigarettes pourrait franchir les 15 euros. La bouteille de whisky grimper de plusieurs euros. Le litre de soda ? Revalorisé par des taxes au volume ou au gramme de sucre. L’initiative ne fixe pas de grille tarifaire, mais appelle chaque pays à ajuster ses taxes pour atteindre une hausse réelle de 50% du prix.
Pour justifier ce programme, l’OMS s’appuie sur les résultats d’autres pays. Au Mexique, une taxe sur les boissons sucrées a provoqué une baisse de consommation de 12% en un an. En Afrique du Sud, les hospitalisations liées à l’alcool ont diminué après le renforcement des accises.
Mais tout le monde ne partage cet enthousiasme. Les industriels du sucre affirment que « l’OMS ne démontre pas que les taxes améliorent la santé ou réduisent l’obésité ». Les producteurs d’alcool parlent d’une « approche erronée » et s’interrogent sur les effets collatéraux sur les commerces de proximité.
Ce que ça change pour votre budget
Pour les ménages, cette nouvelle donne fiscale pourrait se traduire par une hausse visible des dépenses liées aux achats de tabac, d’alcool ou de boissons sucrées. Une famille achetant régulièrement des sodas pourrait voir sa facture mensuelle grimper de plusieurs euros. Une hausse du prix qui, pour certains, touchera avant tout les foyers les plus modestes.
Mais c’est précisément sur cet effet dissuasif que l’OMS mise. En diminuant l’accessibilité de ces produits par le prix, elle espère agir là où les campagnes de prévention échouent souvent : dans les habitudes d’achat quotidiennes. Et l’organisation promet que les recettes fiscales ainsi générées seront réinvesties dans la santé, l’éducation ou la protection sociale – même si aucun mécanisme de fléchage n’est garanti dans les pays concernés.
Une initiative bien encadrée
Lancée avec le soutien de partenaires puissants – Bloomberg Philanthropies, Banque mondiale, OCDE – l’initiative « 3 by 35 » prévoit un accompagnement technique pour aider les États à adapter leur fiscalité. L’OMS fournit des outils pour calibrer les taux, éviter les contournements et renforcer le contrôle administratif.
Ce n’est pas la première fois que l’organisation plaide en faveur de mesures fiscales. En 2019 déjà, le rapport A72/58 appelait à renforcer les taxes sur les produits nocifs dans une logique multisectorielle. Et en 2022, le document EB150/7 Add.1 recommandait que l’alcool fasse l’objet d’un encadrement international équivalent à celui du tabac.
Si elle est appliquée, l’initiative « 3 by 35 » pourrait changer la donne en matière de santé publique. Mais elle posera aussi une question sensible : jusqu’où peut-on utiliser le prix pour orienter nos choix de consommation ?
