Réseaux sociaux : 8 parents sur 10 veulent les interdire aux moins de 15 ans

Les clichés volent en éclat. Une vaste enquête Odoxa pour Acadomia, publiée dans Le Parisien – Aujourd’hui en France, montre que les collégiens et lycéens français ne sont pas des accros inconscients des réseaux sociaux. Au contraire, ils apparaissent lucides sur les effets négatifs de leurs usages et même prêts à changer. Les parents, eux, réclament des règles strictes… mais reconnaissent avoir du mal à s’appliquer les mêmes limites.

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By Grégoire Hernandez Published on 29 août 2025 11h30
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Réseaux sociaux : 8 parents sur 10 veulent les interdire aux moins de 15 ans - © Economie Matin
79 %79 % des parents souhaitent interdire l'usage du portable au collège comme au lycée.

Réseaux sociaux : des ados prêts à s’autoréguler

Première surprise de ce sondage mené auprès de 1 001 collégiens et lycéens : les jeunes ne refusent pas l’idée de restreindre leur usage numérique. 76 % déclarent qu’ils seraient capables de supprimer un réseau social qui leur cause de l’anxiété. Mieux, 70 % accepteraient de ne plus se connecter après 21 heures et autant se disent prêts à désactiver les notifications. Plus d’un sur deux (54 %) irait même jusqu’à limiter son temps à une heure par jour.
Seule mesure jugée trop radicale : l’arrêt complet des réseaux. Pourtant, 30 % des ados accepteraient ce sacrifice. Un chiffre loin d’être marginal, qui contredit l’image d’une génération « scotchée » à ses écrans. Les différences se creusent toutefois selon l’âge : les lycéens, plus gros utilisateurs, sont moins enclins à réduire leur usage (47 % accepteraient une limite d’une heure contre 59 % des collégiens, 24 % prêts à l’arrêt complet contre 34 % des collégiens). Côté genre, les garçons se montrent un peu plus ouverts à la désactivation des notifications (73 % contre 66 % des filles).

Autre enseignement fort de l’étude : les parents réclament un encadrement strict… mais les ados sont d’accord. 79 % des parents se disent favorables à l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans. Un chiffre impressionnant, qui pourrait passer pour une volonté unilatérale d’imposer des règles. Or, côté jeunes, 67 % estiment aussi que c’est une bonne idée.
Le même scénario se répète pour le portable à l’école : 79 % des parents souhaitent interdire son usage au collège comme au lycée. Là encore, une majorité d’ados suit : 59 % jugent la mesure justifiée. Avec des nuances intéressantes : les collégiens soutiennent davantage l’interdiction du téléphone (61 % contre 56 % des lycéens, déjà plus libres avec leur portable), alors que les lycéens sont plus enclins à accepter l’interdiction des réseaux avant 15 ans (74 % contre 62 % des collégiens). Logique : la règle ne les concernerait plus.

Des parents volontaires… mais pas toujours exemplaires

Au-delà des intentions, les jeunes savent que les réseaux sociaux ne sont pas toujours un espace sûr. 46 % disent s’être déjà sentis mal en se comparant aux autres en ligne, dont 8 % « souvent ». 35 % admettent avoir relayé de fausses informations, 29 % ont été contactés par des inconnus malveillants, 27 % ont livré trop d’informations personnelles et 23 % regrettent déjà une publication. Enfin, 18 % déclarent avoir été harcelés ou insultés.
Ces expériences négatives sont plus fréquentes chez les filles. 51 % d’entre elles se sentent mal en se comparant aux autres, contre 41 % des garçons. Elles sont aussi plus nombreuses à avoir regretté un contenu publié (26 % contre 20 %). L’étude montre ainsi que les adolescentes, souvent plus exposées à l’image de soi et au cyberharcèlement, paient un tribut plus lourd.
Même ceux qui n’ont pas encore vécu de tels épisodes s’estiment vulnérables : 61 % des jeunes pensent qu’un jour, ils pourraient être victimes de harcèlement ou d’insultes en ligne. Une prise de conscience largement partagée, qu’ils soient collégiens ou lycéens.

Les adultes, de leur côté, affichent leur volonté de donner l’exemple. 78 % se disent prêts à réduire leur propre usage des réseaux sociaux pour inciter leurs enfants à faire de même. Mais dans les faits, l’enthousiasme se heurte au réalisme. Seuls 32 % estiment que ce serait « très facile » à mettre en œuvre. Près d’un parent sur cinq reconnaît que ce serait difficile, voire impossible.
Les écarts apparaissent là aussi selon les profils. Les femmes se montrent plus sceptiques que les hommes sur leur capacité à se restreindre (23 % jugent cela difficile, contre 20 % en moyenne). Et les jeunes parents (25-34 ans) doutent davantage : 25 % avouent qu’ils auraient du mal à réduire leur consommation, contre 20 % chez les plus de 35 ans.
Autrement dit, les parents réclament des règles strictes… mais ne sont pas toujours en mesure de les appliquer pour eux-mêmes...

Une génération pas si « perdue »

L’étude nuance fortement les discours alarmistes. Les jeunes ne sont ni inconscients ni totalement happés par leurs écrans. Ils savent les effets négatifs des réseaux sociaux, en font l’expérience et acceptent volontiers de changer. Les parents, eux, cherchent à imposer des limites. Mais l’ironie est là : ce sont parfois eux qui peinent le plus à respecter leurs propres principes.
Un sondage réalisé par Odoxa pour Acadomia, publié en exclusivité dans Le Parisien – Aujourd’hui en France. Enquête menée en ligne du 25 juin au 3 juillet 2025 auprès d’un échantillon représentatif de 1 001 collégiens et lycéens (6e à terminale) et 360 parents d’élèves. Méthode des quotas sur sexe, âge et niveau scolaire.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin de 2023 à 2025.

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