Salaire : combien gagnent les 10 % les plus riches ? Et les 1% ?

L’Insee dévoile sa dernière étude sur les salaires en France : une photographie précise des revenus du travail en 2024, marquée par des écarts persistants entre salariés, une hausse réelle du pouvoir d’achat et des différences toujours fortes entre hommes et femmes. Le rapport détaille aussi le niveau exact du salaire moyen, médian, et les seuils pour appartenir aux 10 % les plus riches.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 24 octobre 2025 6h49
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Salaire : combien gagnent les 10 % les plus riches ? Et les 1% ? - © Economie Matin
13,7%En 2024, le salaire net moyen des femmes est inférieur de 13,7 % à celui des hommes

Publié le 23 octobre 2025, le nouveau rapport de l’Insee sur les salaires dans le secteur privé dresse un panorama complet des rémunérations en France. L’étude, fondée sur les données de 2024, éclaire la progression du revenu moyen, la distribution entre salariés et les inégalités persistantes. Elle permet aussi d’identifier, avec précision, le salaire qui sépare la moitié la mieux payée de la moitié la moins bien rémunérée, ainsi que les seuils d’accès aux catégories supérieures de revenus.

Salaire moyen, salaire médian et extrêmes de la distribution

En 2024, selon l’Insee, le salaire net moyen en équivalent temps plein s’établit à 2 690 euros par mois, en hausse de 3,9 % en euros courants par rapport à 2023. Corrigée de l’inflation, cette progression correspond à +1,1 % en euros constants, confirmant une amélioration du pouvoir d’achat des salariés.

Le salaire médian, celui qui partage la population salariée en deux, atteint 2 214 euros nets mensuels. Concrètement, la moitié des salariés gagne moins que ce montant, tandis que l’autre moitié perçoit davantage.

La distribution reste très inégale : les 10 % les moins bien rémunérés perçoivent un salaire mensuel inférieur ou égal à 1 532 euros, tandis que les 10 % les mieux payés gagnent au moins 4 532 euros nets. Le rapport souligne que les 1 % des salariés les mieux rémunérés franchissent le seuil de 10 800 euros nets par mois, tandis que les 0,1 % dépassent 27 000 euros nets.

L’Insee précise que cette hiérarchie s’explique avant tout par la structure des emplois : les cadres, qui représentent 23 % des salariés, affichent un salaire net moyen de 4 690 euros, contre 2 010 euros pour les employés et 1 970 euros pour les ouvriers.

Écarts hommes/femmes et disparités structurelles

Les inégalités entre hommes et femmes se réduisent légèrement mais demeurent marquées. En 2024, le salaire net moyen des femmes est inférieur de 13,7 % à celui des hommes à temps plein, contre 14,1 % un an plus tôt. « L’écart de salaire entre femmes et hommes se resserre », précise l’Insee.

Le salaire médian des femmes atteint 2 070 euros nets, contre 2 347 euros pour les hommes. Parmi les 10 % les mieux rémunérés, le seuil d’entrée est de 4 150 euros nets pour les femmes et 4 890 euros pour les hommes, ce qui traduit une inégalité persistante dans l’accès aux postes les plus rémunérateurs.

Les causes principales résident dans la répartition sectorielle des emplois : les femmes sont surreprésentées dans les métiers de services, souvent moins valorisés, et travaillent plus fréquemment à temps partiel. L’Insee souligne cependant que, à poste équivalent, l’écart reste autour de 5 %, ce qui témoigne d’un résidu inexpliqué lié à des facteurs structurels et organisationnels.

Ce que révèle la distribution des salaires sur la richesse en France

Au-delà des écarts de genre, l’étude de l’Insee met en lumière une concentration croissante des revenus dans le haut de la distribution. En 2024, les 10 % les plus riches captent à eux seuls 25 % de la masse salariale totale, tandis que les 10 % les plus pauvres n’en reçoivent que 6 %. Ce déséquilibre, bien que légèrement atténué par les revalorisations du Smic et les primes d’activité, demeure structurel.

Le salaire minimum en 2024 s’élevait à 1 398 euros nets mensuels (Smic à 1 766 euros bruts), un niveau proche du 1er décile de la distribution. La progression du Smic de +5,1 % sur un an a contribué à relever les plus bas revenus, mais sans modifier la hiérarchie salariale générale.

L’Insee observe également une différence territoriale notable : les salariés d’Île-de-France bénéficient en moyenne de 20 % de salaire net de plus que ceux de province, principalement du fait de la concentration des cadres et des grandes entreprises. En revanche, dans les zones rurales et dans les départements du sud, les salaires restent inférieurs à la moyenne nationale de 10 % à 15 %.

Le pouvoir d’achat progresse selon l’Insee

Sur l’ensemble du secteur privé, le pouvoir d’achat du salaire moyen progresse pour la première fois depuis 2021. Cette amélioration s’explique par la modération de l’inflation, tombée à 2,8 % en 2024, et par les augmentations conventionnelles négociées dans plusieurs branches. L’Insee souligne que « la progression du salaire réel moyen en 2024 marque une inflexion positive après deux années de stagnation ».

Les disparités demeurent selon la taille des entreprises : les salariés des grandes entreprises (plus de 250 employés) perçoivent en moyenne 3 070 euros nets, contre 2 250 euros dans les petites structures. Enfin, l’étude note que les jeunes actifs (moins de 30 ans) restent à 1 890 euros nets mensuels, loin du salaire médian global.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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