Sous-clade K : le variant de la grippe qui échappe au vaccin 2025

Alors que la grippe circule déjà activement en France en ce mois de décembre 2025, un variant appartenant au sous-clade K du virus H3N2 attire l’attention des épidémiologistes. Repéré pour la première fois il y a quelques semaines au Royaume-Uni, ce nouveau variant grippal présente des mutations préoccupantes, avec des effets tangibles sur l’efficacité vaccinale, la prise en charge hospitalière et les dépenses de santé publique.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
By Rédaction Published on 12 décembre 2025 10h03
sous-clade K grippe
Sous-clade K : le variant de la grippe qui échappe au vaccin 2025 - © Economie Matin
60%Selon le réseau Sentinelles, plus de 60 % des prélèvements français depuis la fin novembre 2025 appartient au sous-clade K.

Depuis le début du mois de décembre 2025, les indicateurs de l’épidémie de grippe sont en forte hausse en France, selon les données de Santé publique France. Mais un élément inquiète particulièrement les virologues : la domination rapide d’un variant H3N2 de sous-clade K, peu couvert par le vaccin actuel. Ce sous-type viral, observé d’abord au Royaume-Uni, est désormais majoritaire dans les prélèvements analysés par les centres de surveillance européens. En parallèle, les hôpitaux font déjà face à une surcharge, avec une hausse inhabituelle des cas sévères, notamment chez les personnes âgées.

Un variant de la grippe en pleine expansion : ce que révèle le sous-clade K

Le variant de la grippe H3N2 du sous-clade K est apparu au début de l’automne au Royaume-Uni. Il se distingue par sept mutations spécifiques sur les gènes de l’hémagglutinine (HA), principal antigène ciblé par les vaccins antigrippaux. Ces modifications génétiques ont suffi à altérer sensiblement la reconnaissance immunitaire induite par la vaccination actuelle. D’après un rapport publié le 11 novembre 2025 par l’UK Health Security Agency (UKHSA), « la protection offerte par le vaccin antigrippal 2025-2026 contre ce variant est estimée à 70-75 % chez les enfants, mais seulement à 30-40 % chez les adultes ». Cette perte d’efficacité immunitaire est jugée préoccupante par les experts, surtout dans un contexte où le virus circule précocement et fortement.

Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), dans une note d’évaluation des risques, « le risque pour la population générale est modéré, mais il est élevé pour les personnes vulnérables ou non vaccinées ». L’ECDC indique également que 87 % des souches H3N2 de la grippe récemment séquencées au Royaume-Uni et 84 % des cas récents relèvent de ce sous-clade K, signe de sa très forte transmissibilité. L’apparition aussi rapide de ce variant a pris de court les systèmes de surveillance. D’après Linda Geddes, journaliste scientifique pour Gavi, « la souche incluse dans le vaccin actuel provient du clade 2a.3, alors que le sous-clade K appartient au clade 2a.1 ». Ce glissement phylogénétique explique en partie la faible performance vaccinale observée en vie réelle.

Conséquences sur les patients, les hôpitaux et le système de soins

Sur le terrain hospitalier, les effets sont déjà visibles. Le variant de sous-clade K provoque des formes cliniques similaires à celles du H3N2 classique, mais la dynamique épidémique est jugée « plus brutale » que les années précédentes. Dans un entretien accordé à RTL le 11 décembre 2025, le professeur Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon, affirme : « Nous observons une montée en charge plus rapide que d’habitude, avec des services d’urgences pédiatriques et gériatriques déjà en tension ». À l’échelle nationale, la sécurité sociale redoute une flambée des dépenses liées à cette grippe atypique. Selon Doctissimo, « la Caisse nationale d’assurance maladie prévoit une réévaluation de ses projections, notamment sur les arrêts de travail et les hospitalisations induites ». Le sous-clade K touche en effet des tranches d’âge parfois moins fragiles, augmentant le nombre d’arrêts professionnels et de consultations non programmées.

Le sous-clade K s’étend aussi dans des zones jusqu’ici peu concernées par la grippe, complexifiant la stratégie vaccinale. Le Dr Valérie Bouchaud, épidémiologiste à l’InVS, déclare à Medscape France : « Ce variant nous oblige à anticiper une seconde vague de vaccination avec une souche mise à jour, sans certitude sur la disponibilité du sérum. » Cette hypothèse d’une mise à jour vaccinale en cours de saison reste cependant soumise aux délais de production des laboratoires.

Sur le plan de la gravité, aucune mutation n’indique pour l’instant une virulence accrue du virus de la grippe. Toutefois, le volume des contaminations augmente la probabilité d'hospitalisations multiples. Le Royaume-Uni a enregistré une hausse de 12 % des admissions pour grippe en une semaine, selon le dernier bulletin du National Health Service (NHS), en date du 8 décembre 2025. Enfin, plusieurs professionnels de santé s’alarment de la saturation des urgences. La situation française s’apparente à celle du Royaume-Uni, où certains hôpitaux ont déjà déclenché des plans blancs. « On ne s’attendait pas à une telle agressivité épidémique aussi tôt dans la saison », confie le Dr Helen McIntyre, infectiologue au St Thomas Hospital de Londres, dans une interview accordée à BBC Health le 10 décembre 2025.

Une surveillance renforcée et un enjeu de santé publique

Face à la montée du variant de la grippe sous-clade K, les autorités sanitaires européennes intensifient la surveillance. Le réseau Sentinelles, coordonné par l’Inserm, a confirmé que le virus identifié dans plus de 60 % des prélèvements français depuis la fin novembre 2025 appartient à ce sous-clade. Selon SeniorActu, ce variant possède « une signature génétique inédite, qui échappe partiellement aux anticorps produits par les vaccins précédents ». Les modélisations de propagation montrent un risque élevé d’extension en milieu scolaire, déjà observé au Pays de Galles et en Écosse. Le programme européen I-MOVE, qui évalue chaque année l’efficacité des vaccins antigrippaux, prépare une mise à jour anticipée de ses recommandations. L’objectif est de mieux cibler les futures campagnes, en tenant compte de la circulation du sous-clade K, dont l’expansion est qualifiée par l’ECDC de « rapide et imprévisible ».

En parallèle, plusieurs experts demandent le retour d’une campagne d’information renforcée sur les gestes barrières utiles face à la grippe. Car si le variant n’est pas intrinsèquement plus létal, sa diffusion massive peut provoquer un engorgement critique des structures de soins primaires et hospitaliers. Comme le résume le Pr Alain Fischer dans un article pour Futura-Sciences, « la gravité n’est pas tant dans la mutation elle-même que dans le contexte épidémique général ». Ce constat place désormais le variant H3N2 sous-clade K au cœur des préoccupations sanitaires hivernales.

No comment on «Sous-clade K : le variant de la grippe qui échappe au vaccin 2025»

Leave a comment

* Required fields