Tesla a été condamnée par un jury de Floride, le 25 août, à verser 243 millions de dollars de dommages-intérêts dans un procès relatif à son système Autopilot. L’entreprise d’Elon Musk avait refusé une proposition de règlement de 60 millions.
Tesla lourdement condamnée à 243 millions de dollars après un refus d’accord sur l’Autopilot

Tesla et la responsabilité juridique de l’Autopilot
Le procès trouve son origine dans un accident survenu en avril 2019 près de Key Largo, en Floride. Un Tesla Model S circulant sous Autopilot a percuté deux personnes stationnées près d’un Chevrolet Tahoe. L’accident a provoqué la mort de Naibel Benavides Leon et blessé grièvement Dillon Angulo, rappelle Reuters. Le jury a jugé Tesla partiellement responsable, attribuant 33 % de la faute dans les dommages compensatoires évalués à 129 millions de dollars, soit environ 42,6 millions à sa charge. À cela s’ajoute l’intégralité des 200 millions de dollars de dommages punitifs, ce qui porte le total à 243 millions de dollars.
Selon The Washington Post, il s’agit du premier procès américain où Tesla est tenue responsable d’un décès de tiers lié à l’Autopilot, la plupart des dossiers similaires s’étant réglés avant jugement. Ce verdict, d’une ampleur rare dans le secteur automobile, reflète la sévérité croissante des jurys face aux technologies de conduite assistée. Comme l’a noté The Verge, l’avocat des victimes a présenté l’affaire comme un signal destiné à responsabiliser les constructeurs sur la commercialisation de ces systèmes encore controversés.
Tesla dénonce une décision « contre-productive »
Malgré la condamnation, Tesla maintient sa ligne de défense. Dans un communiqué repris par Reuters, le constructeur affirme : « Le verdict est erroné et ne fait que freiner la sécurité automobile, compromettant les efforts de Tesla et de toute l’industrie pour développer et mettre en œuvre des technologies sauvant des vies. » Cette position s’inscrit dans une stratégie de communication éprouvée par Tesla, qui, depuis ses premiers procès liés à l’Autopilot, met en avant les bénéfices supposés de ses logiciels pour réduire les accidents.
Toutefois, comme l’explique The Washington Post, les autorités de régulation américaines surveillent de plus en plus étroitement les affirmations commerciales de Tesla concernant les capacités de son système. Le montant record des dommages punitifs, soit 200 millions de dollars, illustre la volonté du jury de sanctionner une attitude jugée négligente. Pour Tesla, qui avait refusé une offre de 60 millions de dollars avant procès, l’addition est donc quadruplée.
Des répercussions au-delà de Tesla
Au-delà de l’impact financier direct, ce verdict interroge la trajectoire stratégique du constructeur. Alors que Tesla investit massivement dans la robotisation de la conduite, y compris le lancement prochain de ses services de robotaxis, la décision pourrait refroidir certains investisseurs. Cette condamnation intervient dans un contexte où Tesla tente de convaincre les marchés que son Autopilot et son futur Full Self Driving constituent des atouts décisifs. L’écho médiatique dépasse largement les frontières américaines.
En Espagne, As.com a évalué le montant de la condamnation à près de 209 millions d’euros, mettant en avant le caractère exceptionnel de la sanction. La perception d’une justice décidée à encadrer strictement les promesses de conduite autonome pourrait peser sur les ambitions mondiales de Tesla. Selon The Verge, l’avocat des plaignants Brett Schreiber a déjà annoncé qu’il se préparait à « un deuxième round », anticipant de nouvelles batailles judiciaires face au constructeur. Cette perspective souligne que ce procès n’est peut-être qu’un prélude à une vague de contentieux visant Tesla et, plus largement, les fabricants de technologies d’assistance à la conduite.
