Tesla revoit le tarif de la Model 3 : elle devient plus chère que le Model Y

Tesla modifie de façon inattendue le tarif de sa Model 3 d’entrée de gamme. Cette hausse de 2 000 euros, désormais supérieure à celui du Model Y, change l’équilibre tarifaire dans la gamme du constructeur californien et interroge sur la stratégie économique derrière ce repositionnement.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 19 novembre 2025 15h00
Tesla revoit le tarif de la Model 3 : elle devient plus chère que le Model Y
Tesla revoit le tarif de la Model 3 : elle devient plus chère que le Model Y - © Economie Matin

Tesla a procédé, le 18 novembre, à une modification tarifaire d’envergure concernant sa Model 3 Propulsion, l’un de ses modèles les plus emblématiques. Cette révision porte le prix de base à 41 990 €, contre 39 990 € auparavant, soit une augmentation sèche de 2 000 €. Désormais, cette berline électrique est affichée plus cher que le SUV Model Y Standard, brouillant ainsi les repères habituels pour les acheteurs potentiels. Cette décision, stratégique ou purement technique, mérite un décryptage détaillé tant pour son impact économique que pour sa portée symbolique.

Une hausse brutale qui redessine la hiérarchie tarifaire chez Tesla

Alors que Tesla conservait jusqu’ici une logique de gamme cohérente entre ses modèles, la récente révision tarifaire casse cette dynamique. En relevant le tarif de la Model 3 Propulsion à 41 990 €, l’entreprise d’Elon Musk la positionne désormais au-dessus du Model Y Standard, vendu 39 990 €. Cette inversion hiérarchique, inattendue, rend la berline plus onéreuse que le SUV, une première dans la gamme européenne du constructeur. Il faut désormais compter 41 990 € au lieu de 39 990 € soit 2 000 € supplémentaires pour acquérir la plus abordable des Model 3.

Cette hausse modifie profondément la perception de la gamme Tesla, et pourrait influencer les choix des consommateurs indécis entre berline et SUV. Pour autant, Tesla conserve un argument commercial à travers une remise temporaire de 3 100 € baptisée « Bonus Tesla », applicable jusqu’au 31 décembre 2025, à laquelle s’ajoute une prime CEE de 350 €. Ces rabais, bien que significatifs, masquent mal le signal envoyé par la marque : la Model 3 change de positionnement.

Un repositionnement technique et stratégique sur fond de concurrence

Derrière cette réévaluation tarifaire se cache une évolution technique notable. La Model 3 Propulsion bénéficie désormais de la même batterie de 64,5 kWh que le Model Y Standard, ce qui pourrait justifier cette hausse. « Tesla a équipé sa Model 3 d’entrée de gamme d’une batterie de 64,5 kWh, identique à celle du Model Y Standard. » a précisé Rouleur Électrique. Ce changement technique s’accompagne d’une autonomie revue à la hausse, atteignant 554 kilomètres avec jantes de 18 pouces sur la berline, contre 534 kilomètres pour le Model Y équivalent. Cette performance place la Model 3 au-dessus de nombreuses concurrentes directes, sur le terrain de l’endurance électrique comme de l’équipement embarqué.

Contrairement au SUV récemment simplifié, la berline conserve l’écran arrière, les sièges chauffants à l’arrière et l’éclairage d’ambiance, autant d’éléments supprimés sur le Model Y Standard pour maintenir son prix plancher. La marque semble ainsi jouer sur une stratégie de différenciation plus nette entre ses modèles, au lieu d’un simple échelonnement tarifaire. En conservant des équipements complets sur la Model 3 tout en améliorant sa fiche technique, Tesla vise un segment client plus exigeant, moins sensible à quelques centaines d’euros de différence mais attentif à l’équipement global. Pour Rouleur Électrique, « Tesla met la pression sur ses concurrents en conservant une autonomie supérieure et une dotation plus généreuse que la moyenne du segment. »

Une stratégie risquée dans un marché de plus en plus concurrentiel

Malgré cette montée en gamme, le choix de Tesla pourrait s’avérer risqué à court terme. En effet, face à une concurrence européenne et asiatique de plus en plus agressive, notamment dans le segment des berlines compactes électriques, la moindre hausse tarifaire peut impacter le volume des ventes. Le ticket d’entrée pour une Tesla neuve, même après application des remises temporaires, reste élevé pour de nombreux ménages. D’autant que la clientèle ciblée par la Model 3, citadins, jeunes actifs, indépendants, est également celle la plus sensible à la volatilité des prix.

Si le Model Y conserve un avantage sur le rapport espace/prix, il pourrait séduire une partie du public initialement intéressé par la Model 3. Comme le résume Automobile Propre, « Le ticket d’entrée de la berline devient donc plus élevé que celui du SUV, affiché 39 990 € en Standard. » Par ailleurs, cette hausse intervient alors que plusieurs constructeurs chinois comme BYD ou MG intensifient leur offensive sur le marché français, avec des véhicules affichant des autonomies comparables à des tarifs parfois 15 à 20 % inférieurs. Dans ce contexte, toute révision tarifaire chez Tesla est scrutée et commentée, car elle influe non seulement sur les ventes du constructeur, mais aussi sur l’ensemble du marché de l’électrique.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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