Tesla ne fait plus l’unanimité. Le constructeur, autrefois adulé pour son audace technologique, voit aujourd’hui une partie de ses clients se détourner de ses modèles. En cause ? Pas la fiabilité ni les performances, mais le profil de son patron, Elon Musk, dont les prises de position publiques dérangent. Selon une enquête relayée le 17 novembre 2025 par Le Figaro, plus de quatre conducteurs de voitures électriques sur dix évitent Tesla pour des raisons politiques. Une donnée qui confirme que l’image d’une marque peut désormais peser aussi lourd que son produit.
Tesla boycottée à cause d’Elon Musk

Un automobiliste sur deux évite certaines marques pour des raisons politiques, et 41 % des conducteurs de véhicules électriques dans le monde refusent spécifiquement d’acquérir une Tesla pour cette raison. Ce phénomène, inédit par son ampleur, soulève des questions profondes sur l’interférence croissante entre identité politique, engagement public d’un patron et décision d’achat automobile. L’image médiatique d’Elon Musk, devenue clivante, semble désormais peser autant que les qualités intrinsèques des modèles de la marque.
Une aversion croissante qui dépasse les seuls produits Tesla
Selon l’étude relayée par Le Figaro le 17 novembre 2025, plus de 41 % des conducteurs de voitures électriques à l’échelle mondiale indiquent qu’ils éviteraient volontairement Tesla à cause des prises de position politiques associées à son patron. Cette tendance ne concerne pas uniquement la firme californienne. En effet, 53 % des répondants déclarent refuser certaines marques automobiles pour des motifs similaires, mais c’est Tesla qui concentre le plus d’attention critique. La montée en puissance de cette défiance intervient dans un contexte de polarisation grandissante.
Les opinions très marquées d’Elon Musk sur des sujets de société, relayées massivement depuis son rachat de X (ex-Twitter), ont généré une fracture parmi les consommateurs. D’après The Guardian, « la proportion d’acheteurs potentiels affirmant qu’ils n’envisageraient pas l’achat d’une Tesla est passée de 39 % à 63 % entre 2022 et 2024 ». Ce glissement perceptif est sans équivalent dans l’industrie automobile contemporaine.
Des chutes de ventes qui traduisent un désaveu silencieux
Au‑delà des intentions déclarées, les chiffres confirment une érosion progressive des ventes de Tesla, notamment en Europe. Ainsi, Euronews rapporte que le constructeur américain n’a écoulé que 9 945 véhicules sur le continent en janvier 2025, soit une baisse de 45 % par rapport à la même période de l’année précédente. En France, la tendance est similaire. Selon Carfans, les immatriculations ont reculé de 41 % au premier trimestre, avec un effondrement de 37 % rien qu’en mars 2025.
Ce recul commercial coïncide avec une perception politique de plus en plus marquée. D’après un communiqué cité par AutoActu, des clients français ont déposé plainte contre le constructeur, affirmant que leurs véhicules sont devenus « des symboles politiques forts » et des « totems d’extrême-droite ». Une formulation radicale qui traduit le niveau de crispation généré par l’image d’Elon Musk, perçue comme incompatible avec les valeurs de certains consommateurs européens.
L’empreinte médiatique d’Elon Musk, catalyseur d’un rejet identitaire
La personnalité d’Elon Musk constitue l’un des points de friction les plus fréquemment cités. Entrepreneur adulé par certains pour sa capacité à innover, il suscite une hostilité croissante chez d’autres, notamment pour ses prises de parole sur la politique américaine, la liberté d’expression, ou encore ses interactions provocatrices sur les réseaux sociaux. Comme l’a confié un propriétaire de Model 3 interrogé par Le Monde : « Cette voiture est super, mais je vais la vendre. (…) Il est hors de question que je continue à donner de l’argent, même indirectement, à cette personne dont je ne veux plus entendre parler. »
En parallèle, la stratégie de communication très personnelle d'Elon Musk, souvent improvisée, parfois polémique, accentue cette association entre Tesla et un imaginaire politique polarisé. Pour une partie du public, acheter un véhicule de la marque revient à cautionner tacitement une idéologie. Cette logique de rejet n’est pas toujours exprimée de manière frontale, mais elle s’exprime désormais dans les chiffres de vente, dans les déclarations publiques et même dans les actions en justice. Le caractère disruptif qui faisait la force de Tesla pourrait ainsi devenir, paradoxalement, un facteur de rejet systémique.
