Grève du 18 septembre : la France sous haute vigilance

Ce jeudi 18 septembre, la grève nationale contre les mesures d’austérité s’annonce massive et sous haute tension. Entre 600 000 et 900 000 manifestants sont attendus selon les services de renseignement, alors que l’État mobilise 80 000 policiers et gendarmes et redoute la présence d’éléments radicaux susceptibles de déclencher de graves violences.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 17 septembre 2025 12h00
Grève du 18 septembre : la France sous haute vigilance
Grève du 18 septembre : la France sous haute vigilance - © Economie Matin

Le 18 septembre s’annonce comme une journée décisive dans la contestation sociale en France. Les syndicats appellent à descendre massivement dans la rue contre la politique budgétaire du gouvernement, jugée trop austère. Les forces de l’ordre anticipent une journée de forte mobilisation, marquée par des risques sérieux de débordements. D’après une note du renseignement, les manifestations pourraient mêler cortèges syndicaux, militants politisés et groupuscules violents, créant ce que les autorités qualifient de « menace hybride ».

Un dispositif sécuritaire exceptionnel face à des risques jugés accrus

L’État prépare une riposte d’ampleur. Selon BFMTV, 80 000 policiers et gendarmes seront mobilisés dans tout le pays pour la grève du 18 septembre. Ce chiffre illustre la volonté du ministère de l’Intérieur de montrer une présence massive, afin de dissuader les violences et d’encadrer les cortèges. Le dispositif prévoit également le déploiement de blindés Centaures, de canons à eau et de drones de surveillance, ainsi que des fouilles préventives aux abords des rassemblements. L’exécutif adopte une ligne dure. Dans un message relayé par La Dépêche, le ministère de l’Intérieur a prévenu qu’« aucune dégradation de bâtiments publics ou emblématiques ne saurait être tolérée » et que « toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la Nation devra être entravée en amont et faire systématiquement l’objet d’un déblocage dans les délais les plus brefs ».

Cette fermeté traduit l’inquiétude gouvernementale : la journée pourrait dégénérer si les militants radicaux s’infiltrent dans les cortèges. Les services de renseignement alertent sur la possible présence de 150 à 300 individus violents dans les grandes villes, parmi lesquels des groupes Black Blocs habitués aux actions de casse. Europe1 évoque même la possibilité d’un millier de ces militants à Paris, où les autorités anticipent un point de tension majeur. Dans une note interne citée par Europe1, les agents du renseignement parlent de « risques de trouble à l’ordre public » et mettent en avant la nécessité de contrôler les déplacements de ces groupes.

Une mobilisation chiffrée impressionnante

La grève du 18 septembre se distingue par son ampleur attendue. D’après RTL, entre 600 000 et 900 000 personnes pourraient battre le pavé. Ce chiffre dépasse largement la précédente mobilisation du 10 septembre, ce qui souligne la progression du mouvement social. BFMTV rapporte par ailleurs qu’au moins 250 rassemblements ont été déclarés sur tout le territoire, une dispersion géographique qui oblige les forces de l’ordre à multiplier les points de contrôle. Cette mobilisation n’est pas seulement un enjeu sécuritaire, mais aussi un défi économique. Les syndicats contestent les mesures d’austérité inscrites dans le projet de budget 2026, accusées de faire peser l’effort sur les ménages modestes, les retraités et les fonctionnaires. Dans les transports, les perturbations prévues risquent d’affecter massivement le trafic ferroviaire et urbain, tandis que des milliers d’écoles devraient fermer leurs portes ou fonctionner avec un personnel réduit.

L’impact sur la productivité nationale reste difficile à évaluer, mais les blocages annoncés dans les zones industrielles et logistiques, additionnés aux perturbations dans les transports et à la fermeture de nombreux établissements scolaires, devraient générer des pertes économiques significatives selon les observateurs. Selon L’Internaute, plusieurs syndicats insistent sur l’idée que « le coût des économies ne doit pas être supporté uniquement par les classes populaires », un argument qui trouve un écho dans une opinion publique déjà fragilisée par l’inflation. La grève du 18 septembre se situe donc à l’intersection entre contestation sociale et crispation budgétaire, mettant le gouvernement sous une double pression politique et économique.

Scénarios de violence : les inquiétudes des forces de l’ordre

Au-delà des cortèges syndicaux, les autorités craignent des actions ciblées menées par des militants radicaux. La Dépêche mentionne une « menace hybride » : des actions éclairs, des tentatives de sabotage et des débordements en marge des manifestations classiques. Le scénario redouté consiste en une multiplication de foyers de violence, parfois loin des cortèges principaux, compliquant la tâche des forces de l’ordre. Les Black Blocs sont au cœur de ces inquiétudes. Déjà visibles lors des grandes mobilisations de 2016 et 2019, ces groupes pratiquent la destruction de mobilier urbain et de vitrines, ainsi que l’affrontement direct avec la police. Europe1 indique qu’un millier d’entre eux pourraient se retrouver dans la capitale, transformant certains quartiers en champs de bataille potentiels. Les préfets ont déjà interdit plusieurs itinéraires de manifestation jugés trop sensibles. À Paris, le préfet de police a refusé un parcours proposé par les syndicats, imposant un trajet alternatif moins exposé aux risques de casse.

Cette stratégie de restriction vise à éviter les zones emblématiques et les axes stratégiques, notamment autour des institutions publiques et des grandes gares. Toutefois, elle pourrait être contestée par les organisateurs, qui dénoncent une volonté de « canaliser » la contestation. Quoi qu’il en soit, la journée s’annonce tendue. L’État redoute non seulement des dégradations, mais aussi des tentatives de blocages de routes, de dépôts de carburant et de réseaux de transport. Le ministère de l’Intérieur insiste : les infrastructures essentielles, comme l’électricité, les raffineries et les hubs ferroviaires, feront l’objet d’une protection renforcée. Dans ce climat, la grève du 18 septembre symbolise autant une confrontation sociale qu’un bras de fer sécuritaire. Elle illustre la difficulté pour l’exécutif de maintenir l’ordre public tout en gérant une contestation sociale d’une ampleur inédite depuis plusieurs années.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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