La presse en 2083 selon Jacques Attali, c’est 1984

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Par Bernard Petitjean Modifié le 8 juin 2013 à 6h55

Si, en 1943, un expert en futur s'était aventuré à décrire ce que serait la presse en 2013, il y a fort à parier qu'il serait passé à côté de la PAO, des gratuits, d'Internet et de dizaines d'autres bouleversements technologiques, économiques et sociétaux qui ont joué un rôle essentiel dans les évolutions des médias imprimés.

Mais Jacques Attali n'a peur de rien et nous décrit précisément ce que sera la presse dans 70 ans ...

Le polytechnicien / conseiller de Présidents / romancier / chef d'orchestre / professeur / banquier / essayiste / philosophe / éditorialiste Jacques Attali est moderne. Il a donc choisi son blog de « L'Express » pour informer éditeurs, journalistes et lecteurs du devenir de la presse, sans jamais employer le conditionnel, ce qui indique qu'il attend qu'on le prenne au sérieux.

Après une introduction dans laquelle il souligne que « la presse écrite n'est pas aujourd'hui très différente de ce qu'elle était il y a 70 ans » (relire le chapô de ce billet), notre prophète en tout annonce la disparition des journaux imprimés pour 2017 aux USA, 2029 en France et 2083 en Afrique, en raison de la concurrence de l'audiovisuel et d'Internet. Voilà qui surprendra ceux qui constataient que la radio n'avait pas plus tué la presse que la télévision n'avait fait disparaître la radio ...

Pour notre expert, dans 70 ans, « la presse sera entièrement numérique, avec traduction automatique dans la langue du lecteur ». On peut en déduire que quelques éditeurs suffiront pour inonder la planète d'informations identiques censées répondre aux attentes normalisées des citoyens du monde. Mais, tant que nous y sommes, pourquoi pas un seul éditeur et une seule langue ?

Autre prévision de M. Attali, la disparition de la plupart des journalistes : « Chacun sera journaliste, dans un système global de Pear to Pear » ; « La rédaction des articles sera en partie automatisée » ; « La presse sera probablement issue d'agrégateurs affinitaires en fonction de la santé, des lectures, achats, déplacements ... ».

Fini donc, le journalisme de terrain, les journalistes experts, les bonheurs de lecture que proposent les grandes plumes, la déontologie professionnelle et autres balivernes d'un autre temps : « Ne subsisteront que les fonctions de journaliste d'investigation (...) et d'éditorialiste ». Ouf, en 2083, Jacques Attali, 140 ans, aura toujours un travail !

Cette vision d'une information normalisée, mondialisée et marchandisée comme des burgers n'est pas celle d'un libéral-libertaire positiviste et technophile. Dans la société de l'information selon Attali le contrôle sera partout : « La collecte de l'information sera de plus en plus subventionnée par les Etats » ; « Le contrôle des faits sera entièrement automatisé » ; « Rien n'exclut de voir s'installer une hyper surveillance des médias grâce aux nouvelles technologies ».

Après avoir provoqué les foudres de Franz-Olivier Giesbert et d'Elie Wiesel pour des « emprunts » à leurs œuvres respectives, Jacques Attali pourrait maintenant s'inspirer du « 1984 » de George Orwell pour nous transporter dans le monde qu'il nous annonce.

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Bernard Petitjean est Directeur de Seprem Etudes & Conseil.

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