Un Président à 13% ? Ce ne serait pas grave si…

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Par Nicolas Nielsen Modifié le 29 novembre 2022 à 10h08

Tout le monde semble s’épouvanter qu’un Président de la République puisse tomber à 13% seulement d’opinions favorables dans les sondages. Moi, je trouve que c’est excellent — ou plutôt, que cela aurait pu être excellent …

Le redressement d’une économie malade n’a jamais fait sauter les gens de joie. Les efforts demandés pour faire aboutir des réformes indispensables ne favorisent généralement pas la liesse populaire et provoquent rarement les acclamations enthousiastes des sondés. On n’aime pas vraiment le chirurgien qui vous dit que – pour vous sauver d’un cancer – il va être contraint de vous imposer un traitement douloureux; et pourtant c’est la condition sine qua non d’un retour à la santé.

Pareil pour les chefs d’État : quand il faut enrayer une dette abyssale, tailler à la hache dans les dépenses publiques, remettre en question les avantages, remettre à plat toutes les institutions et organismes qui ont failli, revenir sur les “droits acquis” et les statuts privilégiés … il ne faut évidemment pas chercher à plaire, ni être obnubilé par sa cote de popularité, ni avoir les yeux rivés sur les sondages ou le nombre de followers sur les réseaux sociaux ! Ou alors il faut faire un autre métier que chef d’État.

Mais qu’un Président — même un bon — soit à 13% ne me choque pas. S’il n’est pas “populaire” on peut en effet toujours espérer que c’est parce qu’il a su résister aux sirènes de la facilité, qu’il a eu le courage d’agir dans l’intérêt exclusif du pays et qu’il a renoncé à “plaire” en distribuant sucettes et subventions aux électeurs, ou en annonçant de façon démagogique des baisses d’impôts aux contribuables…

Cette “impopularité” d’un grand chef d’État n’est cependant tolérable qu’à une seule condition : qu’elle soit la contrepartie d’une politique courageuse — peut-être incomprise dans le court terme — mais salutaire et bénéfique au regard du long terme et de l’Histoire. Et c’est là évidemment que ça coince avec François Hollande. Si on assiste à une vraie rupture entre lui et les Français c’est précisément parce que son impopularité n’est pas le fruit d’une politique courageuse qui justifierait que les futures générations — qu’il plombe en laissant filer la dette publique qu’ils devront rembourser eux — lui rendre hommage. À mi-mandat à peine, il semble déjà balayé par l’Histoire.

Et c’est la raison pour laquelle 86 % des sondés ne souhaitent pas qu’il se représente en 2017 ; que 16 % à peine jugent qu’il leur dit la vérité ; que 16% seulement considèrent qu’il sait prendre des décisions difficiles ; que 14% seulement pensent qu’il sait où il va ; que 10 % seulement jugent qu’il est capable de rassembler les Français ; que 69 % pensent que la situation du pays se détériore depuis 2012, soit 12 points de plus qu’en avril dernier…

Voilà ce qui est grave : non pas que le Président soit à 13% — car on accepterait son impopularité s’il avait eu le courage d’engager le redressement du pays et s’il avait tout fait pour que les efforts demandés aux Français soient payants. Mais il a gaspillé le crédit qui lui avait été accordé ; gaspillé l’argent des Français, gaspillé les moyens de la France dans trois conflits internationaux ruineux, gaspillé les énergies des entrepreneurs qui ne croient plus en l’avenir ; dilapidé la confiance de ceux à qui il a menti ; raté toutes ses prédictions (sur le chômage, sur la croissance, sur le redressement industriel, sur le logement…), englouti des milliards dans des usines à gaz sans lendemain ; échoué dans sa prétention de “réunir” les Français et d’apaiser les tensions sociales ; Le chômage n’en finit pas de progresser et les déficits de s’accroître. Cet homme de Parti — non préparé à exercer des fonctions trop élevées pour lui — aura finalement gâché toutes les espérances : à gauche comme à droite ou au centre… La France est aujourd’hui au bord du gouffre. C’est cela qui est grave, et certainement pas que le Président soit à 13%.

S’il avait été bon, s’il avait été un grand Président réformateur, s’il avait eu une véritable vision de l’avenir de la France, François Hollande aurait peut-être été détesté mais il aurait forcé le respect pour son audace, son courage et sa détermination à engager des réformes structurelles difficiles mais indispensables. Elles auraient à l’évidence été peu “populaires” — et il aurait sans doute également fini à 13% dans les sondages, c’est vrai. Mais au moins, ayant fait le boulot, il aurait été considéré, respecté et estimé pour son sens du devoir, son sang-froid, sa fermeté et son audace au service de la Nation et d’une vision à long terme de la France. Là, à 13%, il est juste méprisé — ce qu’il mérite sans doute. Il ne laissera finalement dans l’Histoire que l’image pathétique d’un amateur sans panache, d’un politicien faible et sans charisme. Dans les tempêtes, savoir piloter un pédalo ne suffit pas.

Article initialement publié sur "Switchie5" et reproduit ici avec l'aimable autorisation de l'auteur

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Pendant 35 ans, Nicolas Nilsen a participé à la mise en oeuvre de la communication Gouvernementale.Il décortique l'actualité politique sur son blog "Switchie5"

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