Avec le retour possible de Donald Trump à la Maison-Blanche, la hausse des droits de douane de près de 25 % sur les importations européennes semble imminente. Quels produits français pourraient être ciblés et quelles conséquences pour l’économie hexagonale ?
Quels sont les produits français menacés par la politique commerciale de Donald Trump ?

Vins, cosmétiques, médicaments ou encore fromages : la liste des produits français exposés aux décisions protectionnistes du 47ᵉ Président des États-Unis s’allonge. Face à cette menace, la France devra compter sur l'Union européenne pour répondre de manière stratégique.
Une stratégie protectionniste américaine au détriment des partenaires européens
Depuis son investiture, Donald Trump n’a cessé de dénoncer l'Union européenne, qu'il considère comme un partenaire "injuste". Les droits de douane qu'il promet d'augmenter visent à combler un déficit commercial de 157 milliards d'euros avec l'Europe. En 2023, les exportations européennes vers les États-Unis représentaient 502 milliards d'euros, faisant de ce pays le principal partenaire commercial de l'Union (20%), devant le Royaume-Uni (13,1%) et la Chine (8,8%).
L'objectif annoncé par Donald Trump est clair : favoriser les produits américains en rendant les importations étrangères moins compétitives. Une telle politique, déjà appliquée entre 2019 et 2021 par l'administration Trump, avait entraîné des répercussions importantes sur plusieurs secteurs stratégiques français.
Le secteur viticole représente un pilier des exportations françaises, avec 3,6 milliards d’euros générés par les ventes de vins et de spiritueux aux États-Unis en 2023. Ces exportations constituent 22,4 % du chiffre d'affaires total du secteur, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).
Lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021), les surtaxes sur les vins tranquilles avaient déjà provoqué une chute de 23,4 % des exportations en valeur. Aujourd'hui, les professionnels redoutent une répétition de ce scénario. Pour le cognac, dont 38 % des ventes sont destinées aux États-Unis, une hausse des droits de douane pourrait affecter gravement une filière qui emploie 72 500 personnes en France.
Cosmétiques, fromages et luxe : des impacts modérés mais significatifs
Deuxième poste des exportations françaises vers les États-Unis, les produits pharmaceutiques pourraient être concernés par les mesures protectionnistes américaines. En 2023, l'industrie pharmaceutique française a réalisé des performances remarquables, mais une hausse des tarifs douaniers pourrait forcer les entreprises à relocaliser certaines productions sur le sol américain.
Cette stratégie, bien qu'efficace pour contourner les surtaxes, mettrait en péril les emplois dans les usines européennes. Par ailleurs, les exportations chimiques européennes, dont 26,6 % sont destinées aux États-Unis, risquent également de subir des perturbations.
Si les produits de luxe et cosmétiques français dépendent moins du marché américain que du marché asiatique, une augmentation des droits de douane pourrait ralentir la croissance dans ce secteur. Les États-Unis restent néanmoins un partenaire historique et stratégique pour les grandes maisons françaises.
Pour les fromages, bien que les États-Unis ne représentent que 3,7 % des exportations françaises, une hausse des tarifs douaniers pourrait compliquer l'accès à ce marché et pénaliser les petits producteurs.
Face à ces menaces, la France ne peut agir seule. La riposte à une guerre commerciale avec les États-Unis dépend entièrement de l'Union européenne. En cas de hausse des droits de douane, Bruxelles pourrait envisager des mesures de rétorsion, comme ce fut le cas lors des conflits sur l'acier et l'aluminium entre 2018 et 2021.
Si la hausse des droits de douane sur les véhicules européens menace principalement l'Allemagne (avec BMW, Audi, Mercedes, Volkswagen), la France pourrait également être concernée. Alpine, filiale sportive de Renault, prévoit en effet de lancer trois modèles aux États-Unis dès 2026.