Arrêts maladie : de quoi souffrent réellement les Français ?

Depuis la crise du Covid-19, le nombre d’arrêts maladie dus à une dégradation de la santé mentale ne cesse de progresser. La quête du bien-être au travail concerne autant les employés que les entreprises.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 23 octobre 2023 à 11h00
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18 % la dégradation de la santé mentale représentait près de 18 % de l'ensemble des arrêts maladie en 2022.

Arrêts maladie : quête du bien-être, la dépression chez les Français

Dans un entretien accordé au Figaro, le dimanche 22 octobre 2023, le docteur Rémy Pécault-Charby, responsable de la Mission animation du service médical à la Caisse nationale de l'assurance-maladie (CNAM), fait le point sur les principaux motifs des arrêts maladie. Selon les estimations de la CNAM, la dégradation de la santé mentale représentait près de 18 % de l'ensemble des arrêts maladie en 2022. Ce chiffre ne cesse de progresser à l'échelle mondiale depuis la crise du Covid-19 (+28 % du nombre de cas de dépression dans le monde en 2020). Une tendance confirmée par le dernier baromètre de Santé publique (baromètre santé 2021), publié le 14 février 2023 : le nombre d'épisodes dépressifs chez les 18-75 ans a augmenté de près de 40 % depuis 2017. Aucun segment de la population n'est épargné. Néanmoins, cette hausse de prévalence des épisodes dépressifs se manifeste en particulier chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans. Pour rappel, est considéré comme un épisode dépressif caractérisé (EDC) une période de 15 jours durant laquelle une personne a perdu presque tout centre d'intérêt.

Les arrêts maladie dus à une dégradation de la santé mentale ont dépassé ceux qui sont dus à une infection virale, qui représentent (hors Covid) 15 % des arrêts maladie. Les maux physiques (lombalgie, sciatiques), quant à eux, ne dépassent pas les 10 % (8 % en 2022). À noter également, que comme le souligne le docteur Rémy Pécault-Charby, les arrêts maladie dus à une dégradation de la santé mentale durent généralement sur un temps long : environ 6 mois pour une dépression.

Les entreprises en quête de solution...

Cette tendance soulève des questions sur les risques psychosociaux et l'évolution du rapport au travail, qui a été exacerbée par la crise du Covid, mais aussi par l'augmentation des indemnités journalières (environ 4 % chaque année entre 2010 et 2019). L'allongement de la durée des arrêts de travail et l'augmentation de leur fréquence ont des répercussions financières et structurelles importantes pour les entreprises, confrontées à la gestion de l'absentéisme et à la prévention des risques : perte économique, perte de productivité et d'image, baisse de la motivation des autres employés, réorganisation des tâches...

L'Assurance Maladie a engagé, dès 2018, des actions auprès des entreprises, notamment celles de plus de 150 salariés avec un nombre anormalement élevé d'arrêts de travail. Sur les 200 entreprises contactées en 2022, plus de 90 % d'entre elles ont accepté le principe d'un diagnostic et les propositions de plans d'actions préventives proposés par l'Assurance Maladie et en lien avec la Carsat (Caisse de l'Assurance Retraite et de la Santé au Travail). La prise de conscience progresse également chez les femmes dirigeantes, 30 % d'entre elles faisant de la lutte contre les risques psychosociaux une priorité. Depuis la crise du Covid, le rapport entre employeurs et salariés a changé et la quête du bien-être au travail devient l'une des principales priorités des employés, un enjeu majeur pour les entreprises.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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